Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des mots pour l'écrire...
2 mars 2013

Mamy blue

mamy 1

 

 

Je vous ai parfois parlé d'elle, en filigrane, parce que dans tout ce que je suis, elle est cachée. 

Elle c'est Mamy, ma belle (petit surnom que nous nous donnions mutellement et à nous seules réservé). Les deux photos ont été prises à vingt cinq ans d'intervalle, presque au même endroit, en tout cas c'est la même terrasse, le même bougainvillée. Sur la première, c'est moi, sur la seconde, mon fils aîné. 

 

mamymax_1024

 

Pourquoi parler d'elle aujourd'hui ? Sans doute parce qu'elle me manque, elle est ce qui représente le plus mes racines. J'ai déjà écrit sur mon père, sur ma mère, mais elle c'est ma base, celle qui m'a élevée, ma référence, ma préférence. 

Elle est partie bien trop tôt, emportée par une saleté de crabe. Elle a heureusement eu le temps de connaître Maxime, de lui prodiguer quelques soins, durant quelques mois et en partant certains de ses derniers mots ont été pour lui, pour se réjouir du fait qu'il avait fait ses premiers pas. 

Elle n'a pas eu le temps de connaître Elise et Fabien. Elise porte son prénom en troisième place, Renée re-née, je ne suis pas pour faire porter le poids de la généalogie sur quiconque (pas moi!!!) mais c'était une manière de transmission plutôt, d'hommage, comme pour dire tu es sa petite fille, et elle t'a sûrement transmis quelque chose de son aura, de son caractère bien trempé.

Rien ne me faisait plus peur que ses sourcils qui se fronçaient, surlignant ses yeux verts qui lançaient des éclairs lorsque j'avais fait une bêtise. 

Je lui dois aussi une enfance surprotégée, une éducation un peu à l'ancienne, des moments pas faciles à l'adolescence, un certain manque de liberté parce qu'elle n'avait sans doute pas évolué aussi vite que l'époque. Mais c'est bien peu comparé à tout ce qu'elle m'a donné. 

J'ai encore et toujours le souvenir du velours de sa joue poudrée contre la mienne, ou celui de son parfum. J'en ai un flacon que je ne débouche que très rarement pour ne pas en laisser évaporer l'odeur et sans doute aussi par crainte de l'afflux d'émotion. 

Elle était ma conscience, mon socle. Remplie d'humour aussi. J'ai aimé qu'elle apprécie mon amour, qu'elle approuve mon choix (mais choisit on l'amour ? :) 

Elle imposait le respect malgré sa douceur. 

Elle a bercé mes nuits, préparé mes bouillies, sûrement transmis aussi son aversion du fromage, signé mes carnets de notes, dicté mon habillement. 
Je n'ai pas beaucoup d'estime de moi, le peu que j'ai vient d'elle et de sa fierté lorsqu'elle parlait de moi. Elle m'a appris à tricoter, je pense avoir oublié depuis, n'a pas su m'apprendre à coudre. 

Elle aimait lire et très tôt c'est dans sa bibliothèque que j'ai puisé des romans bien au dessus de mon âge. 

Elle était un véritable cordon bleu et m'avait confié (je peinais à le croire) qu'elle ne s'était mise à cuisiner que tardivement car sa maman âgée vivait avec elle et mon grand père et n'avait pas lâché les fourneaux jusqu'à son décès. Elle m'avait donc raconté s'être retrouvée au milieu de la cuisine à presque quarante ans et avoir pleuré sur son ignorance. 

Je peux pourtant vous assurer que durant l'autre moitié de sa vie, elle a cuisiné de merveilleux repas dont beaucoup se souviennent :) J'ai comme un talisman son classeur de recettes, certaines sont écrites de sa main, d'autres de celle de mon grand père, sur d'autres encore je reconnais l'écriture ou le nom de l'ami(e) qui la lui a transmise. 

Je disais l'autre jour que la cuisine est une histoire d'amour, je le pense vraiment ! 

Bon ce billet est sans queue ni tête, sans ordre chronologique et sans plan précis, j'avais seulement envie et besoin de parler d'elle, qu'elle existe encore un peu à travers ces lignes et vous qui les lirez. Peut être est ce aussi à cause de la chouette qui m'a écrit au sujet d'obsèques, peut être est ce à cause du matraquage publicitaire autour de la fête des grand-mères... Je ne sais pas, ce qui compte c'est de dire aux gens qu'on les aime lorsqu'ils sont là. Je m'en suis voulu ensuite d'avoir parfois râlé après le sacro saint repas dominical, je ne sais ce que je donnerais à présent pour m'asseoir à sa table, et surtout la serrer dans mes bras et sentir encore une fois le velours doux de sa peau, serrer sa main et la câliner. 

Elle vit dans mon coeur...

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
W
C'est très beau. Certaines personnes nous marquent, nous touchent et survivent en nous. Bel hommage !
S
Tu remarqueras que j'utilise quelques uns des mots Syion ;) (oui il est pourri le jeu de mots )
S
Souvent je cherche ce que l'on entend par des mots d'amour... je viens d'en lire de ta part... j'en suis tout ému. Ton ode à Mamy m'a donné des frissons... C'est grand comme tu l'aimes !
F
Te lire m'a renvoyé à tant de choses... je n'ai pas pu commenter tout de suite. Ton texte est magnifique Venise et empli de tant d'amour...
G
Quel beau texte...
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 25 822
Des mots pour l'écrire...
  • Un espace où poser mes mots Où écrire ce qui me passe par la tête et le coeur. Jeter mes mots sur la toile comme on jette une bouteille à la mer, en espérant que quelqu'un la trouve et comprenne le message.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Newsletter
Publicité