Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des mots pour l'écrire...
29 janvier 2014

L'escalier * Par @sofiecherie

Dans le cadre de la #teamécriture c'est la participation à la correspondance de @sofiecherie que j'héberge ici puisqu'elle n'a pas d'espace ou la publier. 

Vendredi  23 janvier au soir

Cher Monsieur inconnu du 4e gauche,

D’abord, ce fut votre cavalcade légère et véloce qui attira mon attention. Ces percussions rythmées assourdies par le tapis rouge élimé de l’escalier s’approchaient, claquaient devant ma porte puis s’éloignaient. Elles avaient le goût de l’enfance, celui des courses folles avec ma sœur lorsqu’on avait peur d’arriver en retard à l’école.

Puis ce fut la fragrance de votre passage s’attardant sur mon palier qui me saisit quand je sortais de mon appartement. « Pour un homme » de chez Caron, je connaissais ce parfum pour l’avoir aimé sur l’homme qui le portait. Cette sensation de douces torpeurs m’avait quittée lorsque l’amant avait filé.

Je me pris à  attendre ces morceaux de vous, chaque matin, à guetter le claquement de votre porte discret et ferme, les deux tours de clefs et la musique de vos pas.

Alors, je me levais, me précipitais chaude de ma nuit et collais mon oreille à ma porte, espérant sottement un ralentissement devant mon pallier. Puis j’allais me recoucher, bien souvent désappointée.

Je finis par me réveiller au-delà de l’heure attendue, à être prête bien avant le signal espéré, ma main sur la poignée de la porte, frémissante, mon cœur me lâchant à chaque bruit de l’immeuble.

Des jours passèrent, me laissant stupide, fâchée contre moi, ridicule de n’être pas capable d’ouvrir la porte, ne pas oser un bonjour de voisin poli (certes animé d’une curiosité doublée d’une imagination débordante).

Et lorsque forte d’une auto persuasion  à toute épreuve, je me décidais enfin….plus de bruit de porte, plus de mélodie, plus de parfum. Vous aviez disparu de mes matins, et moi j’étais orpheline de votre refrain.

J’attendis une semaine, à l’affût du moindre signe, tressautant à chaque pulsation de vie dans ce bâtiment soudain devenu silencieux.

Je devins la mémoire auditive des réveils de l’immeuble. A chaque appartement son départ : discret, brouillon, raté, en trombe, chuchoté, seul, en famille….mais plus du vôtre.

J’en viens donc au fait, vous avez éveillé en moi une curiosité farouche et une audace insensée. Le café sera prêt pendant une semaine, une heure avant votre habituelle dégringolade, voudriez-vous bien venir le partager avec moi ?

La locataire du second étage porte du milieu

 

                           

 

 

 

 

Dimanche 2 février dans l’après midi

Chère locataire audacieuse du second étage porte du milieu

D’abord, vous me voyez sincèrement contrit d’avoir perturbé vos matins par mon absence. Ces quelques jours de vacances m’ont fait un bien fou et ma cavalcade n’en sera que plus légère. Je reprends ma course effrénée vers les bancs de l’école demain, avec la peur au ventre d’arriver en retard.

Je m’étonnais du peu de bruit qui émanait de votre porte, lors de mes descentes matinales. Je pourrais raconter pour chacun de nos voisins communs les rituels du matin : les « au revoir » des gosses du 3e gauche, le bruit de la canne du 1er droit s’activant dans son couloir, les quatre verrous de sécurité du 3e droit, les rires d’après baisers du second gauche….et…rien du second  porte du milieu…

Alors puisque le mystère restait total le matin, je me mis à vous attendre le soir. A guetter vos pas, bien souvent fatigués, votre clef dans la serrure et votre façon de claquer la porte, du pied j’imagine.

Et chaque fois, cette envie étrange de descendre subrepticement et d’aller épier les échos de votre vie, de sonner même pour entrevoir plus précisément la silhouette qui m’avait été permis d’apercevoir dansante sur le trottoir un dimanche.

Mais comment vous aborder ? J’y avais bien réfléchi mais toutes mes accroches me semblaient si banales…..Incapable de justifier cette envie, je n’ai rien tenté….

Alors je me suis inventé nos rencontres, écrit maints et maints scénarios pendant cette semaine de villégiature. Sûr d’avoir trouvé le bon (je m’apprêtais à venir vous emprunter du lait….), je rentrais heureux de ma création.

Et ce dimanche, votre missive glissée sous ma porte me change en aventurier. Je descendrai ce lundi prendre un café et vous viendrez diner un soir de cette semaine si vous le désirez.

A nous deux nous parviendrons peut être à collectionner les bonjours et les bonsoirs qui nous ont manqués et …. plus si affinités.

Samuel, locataire plus du tout inconnu du 4e étage gauche.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Il manque la suite, il va falloir l'écrire Sofie :) Merci pour ta participation !
B
Quelle audace !<br /> <br /> Etudiante, j'avais repéré un gars qui stationnait sur le parking dans une petite fiat blanche. Alors je prenais l'escalier pour le croiser. Un jour, il a remonté avec un autre gars et l'embrassait... :-) <br /> <br /> Moi aussi, je veux la suite.
G
Comment transformer un potentiel acte manqué, en un début prometteur d'une très belle histoire. Et très bien racontée :)
W
Hautement romantique. Si seulement cela m'arrivait...
M
Je l'ai déjà dit mais je kiffe cette histoire<br /> <br /> Une ambiance Amélie Poulain (et c'est un compliment ;)
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 25 820
Des mots pour l'écrire...
  • Un espace où poser mes mots Où écrire ce qui me passe par la tête et le coeur. Jeter mes mots sur la toile comme on jette une bouteille à la mer, en espérant que quelqu'un la trouve et comprenne le message.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Newsletter
Publicité